Engraissement des ovins

Introduction globale

La filière viande des petits ruminants est confrontée aux rigueurs de la sècheresse récurrente que connait le Maroc depuis sept années, ce qui impacte la disponibilité des ressources alimentaires surtout pastorales avec toutes ses conséquences telles que l’augmentation du cout de production, la réduction de l’effectif du cheptel, etc. D’un autre côté, l’élevage des ovins est fortement sollicité par un marché qui doit répondre aux besoins des consommateurs en progression continue portés par une croissance démographique galopante. Face à telle situation, le secteur de l’engraissement des agneaux de boucherie est appelé à se développer en vue d’une part d’assurer une meilleure productivité, et d’autre part de réduire la pression sur l'écosystème pastoral déjà fortement affaibli par les conditions climatiques défavorables et la surcharge animale.

Étapes d’engraissement des ovins

Choix des animaux
Alimentation et abreuvement
Bâtiments d’élevage
Santé

Race

Les principales races marocaines disposent d’un bon potentiel de croissance et d'engraissement, leur permettant d’atteindre des gains moyens quotidiens de 250 à 300 g/j. Ainsi, elles peuvent être intégrées, sans contraintes majeures, dans les projets d’engraissement, surtout quand les produits sont destinés à l’abattage à l’occasion de Aid Aladha. Toutefois, quand les conditions de production le permettent, on peut recourir au croisement industriel simple voire au croisement à double étage, pour tirer profit de la complémentarité entre races et par la suite améliorer la productivité et la rentabilité de l’opération d’engraissement.

Il est à rappeler que le croisement simple consiste en un accouplement des reproducteurs des races maternelles marocaines avec ceux des races paternelles à potentiel de croissance élevé, comme l’Ile de France …, et les animaux obtenus sont orientés vers l’abattage, car leur élevage n’est pas recommandé en raison du faible bénéfice que peut en tirer l’éleveur. Quant au croisement à double étage, il repose sur deux niveaux de croisement chacun ayant un objectif particulier. Le premier croisement se fait entre les béliers d’une race prolifique (cas de la D’Man par exemple) et les brebis d’une autre race locale (exemples : Sardi, Timahdit, …), pour obtenir des agneaux et agnelles de première génération (F1). Le deuxième croisement se fait entre les femelles de la génération F1 avec des béliers de races à viande (exemple : Ile de France, Mérinos, etc.). L’objectif étant de profiter de la fertilité de la D’Man qui permettra d’obtenir plus de produits, de la résistance et l’adaptation des races locales impliquées, et des performances bouchères (croissance et qualité des carcasses) de la race à viande terminale.

Dans ces élevages basés sur le croisement simple ou à double étage, les produits obtenus sont mieux valorisés s’ils sont destinés exclusivement à l’abattage.

Sexe de l’animal

Les femelles sont plus précoces que les mâles et s’engraissent plus rapidement. Les mâles croissent plus rapidement et transforment la ration en viande (notamment en muscle) plus efficacement, grâce à un métabolisme plus orienté vers la synthèse musculaire, mais sont plus agressifs que les femelles.

Le choix entre l’engraissement des mâles ou des femelles doit ainsi prendre en compte aussi bien ces différences, que les besoins du marché, et la réglementation en vigueur relative à toute éventuelle restriction de l’abattage d’une catégorie d’animaux donnée (a fortiori les femelles qui peuvent occasionnellement bénéficier d’une protection par la réglementation pour des raisons de renouvellement du cheptel reproducteur).

Etat corporel

Le choix des ovins destinés à l’engraissement doit privilégier ceux qui sont en bon état sanitaire (bon rythme respiratoire, absence de jetage nasal, etc.), ne présentant pas de défauts physiques visibles (boiteries, malformations …). Les animaux émaciés, trop maigres, dont le mauvais état corporel n’est peut-être pas entièrement dû à des facteurs nutritionnels, sont à éviter car ils demandent souvent beaucoup plus de temps et de ressources pour récupérer.

Les animaux à cibler auraient une note d’état corporel de 2 à 3 sur une échelle de 1 à 5, correspondants à des individus modérément maigres à en bon état.

(source : www.reconquete-ovine.fr)

La notation se fait selon un barème allant de 0 à 5:

• Note 0 – Ovin extrêmement émacié sur le point de mourir : impossibilité de détecter des tissus musculaires ou adipeux entre la peau et lʼos.

• Note 1 – Ovin très maigre. Les apophyses épineuses sont saillantes et pointues. Les apophyses transverses sont également pointues, les doigts passant facilement sous leurs extrémités et il est possible de les engager entre elles. La noix du muscle est peu épaisse et on ne détecte pas de gras de couverture.

• Note 2 – Ovin maigre. Les apophyses épineuses sont encore proéminentes, mais sans « rugosité ». Chaque apophyse est sentie au toucher simplement comme une ondulation. Les apophyses transverses sont également arrondies et sans rugosité et il est possible, en exerçant une légère pression, dʼengager les doigts entre leurs extrémités. La noix du muscle est dʼépaisseur moyenne avec une faible couverture adipeuse.

• Note 3 – Ovin en état. Les apophyses épineuses forment seulement de très légères ondulations souples ; chacun de ces os ne peut être individualisé que sous lʼeffet dʼune pression des doigts. Les apophyses transverses sont très bien couvertes et seule une forte pression permet dʼen sentir les extrémités. La noix du muscle est « pleine » et sa couverture adipeuse est moyenne.

• Note 4 – Ovin gras. Seule la pression permet de détecter les apophyses épineuses sous la forme dʼune ligne dure entre les deux muscles (recouverts de gras) qui forment une surface continue. On ne peut pas sentir les extrémités des apophyses transverses. La noix du muscle est « pleine » avec une épaisse couverture adipeuse.

• Note 5 - Ovin très gras. Les apophyses épineuses ne peuvent être détectées, même avec une pression ferme. Les deux muscles recouverts de graisse sont proéminents et on observe une dépression le long de la ligne médiane du dos. Les apophyses transverses ne peuvent être détectées. La noix des muscles est très « pleine » avec une très épaisse couverture adipeuse. Dʼimportantes masses de graisse se sont déposées sur la croupe et la queue. (source : www.reconquete-ovine.fr)

Gabarit

Outre l’état de santé et l’état corporel, les animaux doivent présenter un gabarit suffisamment développé, reflétant fort probablement aussi bien un potentiel génétique de croissance élevé qu’une bonne capacité de valorisation de la ration alimentaire.

Ce gabarit se décline en une ossature développée, avec une bonne longueur de tronc, une largeur de poitrine correcte, signes d’une bonne aptitude à la respiration et à la croissance.

Poids vif et âge

Le poids vif des animaux est étroitement associé à leur âge, ce qui justifie de les considérer ensemble, tout en privilégiant le poids vif qui constitue un facteur plus déterminant sur la durée de l'engraissement, les types et les quantités d'aliments à distribuer et leur efficacité de transformation (indice de consommation : matière sèche/kg de gain de poids) et par conséquent le coût de production du kg de viande produite. Les rations des agneaux démarrant à un poids léger (entre 14 et 18 kg) peuvent être constituées de plus de fourrage, alors que celles des animaux démarrant à un poids plus lourd (> 25 kg) peuvent intégrer plus de concentrés et une période plus courte d'alimentation. De manière générale, dans les conditions marocaines, le poids vif de démarrage recommandé est de 16 à 20 kg, juste après leur sevrage. Parfois, le marché peut exiger des carcasses ovines légères, de l’ordre de 12 à 13 kg (correspondant à 24 – 26 kg de poids vif), auquel cas l’opération d’engraissement peut démarrer à un poids plus faible.

Identification des animaux et enregistrement des données

L’identification des animaux consiste à poser au niveau de l’oreille de l’animal une boucle généralement en plastique portant un numéro unique et lisible à une distance raisonnable. Cette identification permet d’assurer un suivi des performances zootechniques et sanitaires de chaque animal, depuis sa naissance jusqu’à sa sortie de l’exploitation. L’identification est un en effet outil clé de la traçabilité des animaux, indispensable pour :

• le suivi sanitaire (vaccinations, traitements antiparasitaires, pathologies éventuelles),

• la gestion alimentaire (rations distribuées),

• le suivi des performances de croissance (reporting des pesées réalisées),

• et la gestion de la reproduction (origine, descendance, etc.).

L’utilité de l’identification ne peut être que si l’éleveur dispose de registre où il peut reporter toute information sur les animaux incluant son numéro, ses parents, les pesées réalisées aux différentes étapes de la croissance, l’historique des traitements sanitaires … Cette base de données peut être exploitée directement par l’éleveur ou son encadrant pour évaluer les performances de son troupeau (identification des animaux les plus performants ou les moins rentables), et apporter les recommandations nécessaires (optimisation des décisions de conduite d’élevage et de vente/réforme).

Constitution préalable des stocks d’aliments

La réussite de l’opération d'engraissement est tributaire entre autres de la disponibilité continue et en quantité suffisante des aliments nécessaires pour les animaux durant tout le cycle de production. Ainsi, cette opération ne doit démarrer sans s’assurer au préalable que les stocks alimentaires nécessaires sont disponibles. La sous-alimentation et la rupture de stock sont souvent les causes d’échec de l’activité d'engraissement. Elles peuvent entraîner des ralentissements de croissance, une mauvaise conversion alimentaire, parfois des troubles métaboliques (acidose), voire même générer des surcoûts imprévus, si l’éleveur est obligé d’acheter en urgence des aliments à des prix élevés. Dans ce sens, et pour une gestion prévisionnelle optimale, l’éleveur doit estimer son stock de la manière simple suivante : « quantité quotidienne de chaque aliment par animal X effectif d’animaux X durée d’engraissement (en jours) ». Cette estimation doit couvrir toutes les composantes de la ration : fourrages grossiers (foin, paille, ensilage...), concentrés (céréales, tourteaux, minéraux...), et suppléments éventuels (vitamines, additifs, correcteurs azotés ou énergétiques). Il est également utile de prévoir un stock de sécurité, représentant 5 à 10 % des besoins totaux, afin d’anticiper toute fluctuation de consommation résultant d’une plus grande consommation que prévue, des pertes éventuelles d’aliments, etc. Enfin, la qualité des aliments stockés doit être régulièrement contrôlée en vérifiant l’état de conservation (développement éventuel de moisissures, …), afin d’agir au bon moment et éviter les risques de contamination.

Allottement

Une fois arrivés au niveau de l’unité d’engraissement, les animaux doivent être triés selon leur poids / taille / sexe de façon à constituer des groupes homogènes (de même sexe et de poids vif similaire), et par la suite garantir une meilleure gestion alimentaire par la distribution d’une ration adaptée au niveau de développement de chaque groupe et aussi limiter la compétition entre animaux, ce qui réduit les risques de blessures et de stress social, car les grands animaux ont tendance à intimider les petits et les éloigner des mangeoires.

La mise en groupe d’animaux de même sexe est particulièrement importante, car les mâles (notamment non castrés) peuvent saillir les femelles s’ils sont au stade de puberté et peuvent aussi se montrer plus dominants et plus agressifs, ce qui peut nuire à la tranquillité et à la prise alimentaire des femelles ou des agneaux plus faibles.

En cas de grande variabilité initiale dans les poids des animaux à l’arrivée, il peut être pertinent de prévoir 3 à 4 classes de poids, en s’assurant que l’écart de poids au sein d’un même lot n’excède pas 20 % de la moyenne des poids du lot, afin de maintenir des performances homogènes. A titre d’exemple, si on a un lot dont le poids vif moyen est de 20 kg, il est préférable d’y mettre les animaux dont les poids se situent dans un intervalle de 20% de 20 kg, soit 4 kg, autrement dit mettre dans ce lot les animaux pesants entre 18 et 22 kg, ou bien entre 19 et 23, etc.

Respect des densités

L'objectif dans une opération d’engraissement est de convertir efficacement les aliments en tissu corporel. Pour atteindre cet objectif, le respect d’une densité optimale des animaux en bergerie est essentiel. A cet effet, il est recommandé d’éviter les fortes densités qui peuvent provoquer chez les animaux une augmentation du stress lié à la compétition pour les ressources (espace d’alimentation, accès à l’eau, aire de repos), des risques de blessures et de bousculades, de la propagation des maladies, notamment respiratoires, à cause de la promiscuité et de la dégradation de la qualité de l’air, et par conséquent une réduction des performances zootechniques, en particulier chez les animaux plus faibles ou dominés.

A contrario, une densité trop faible peut représenter un gaspillage d’espace et augmenter les coûts d’investissement par animal logé. Cette situation peut aussi encourager plus de mouvements inutiles des animaux au cours de la période d'engraissement au lieu de consacrer l’essentiel de leur énergie à la croissance.

Ainsi, il est recommandé, en bergerie couverte, de prévoir environ 2 m² par animal pour des agneaux de poids moyen (30 à 40 kg), et une aire d’alimentation de 20 cm linéaires de place par animal au niveau des mangeoires pour assurer un accès simultané équitable. Pour ce qui est de l’espace de couchage, il est utile de prévoir des zones sèches et confortables, recouvertes de litière propre, pour encourager le repos et limiter les déplacements inutiles.

Réussir la phase de démarrage

Le succès d'une opération de finition dépend des deux premières semaines après l'arrivée des animaux dans l’unité. Cette phase de démarrage est déterminante pour limiter le stress, renforcer l'immunité et assurer une bonne reprise alimentaire et de croissance.

Ils peuvent avoir parcouru de longues distances et étant affamés, assoiffés, et fatigués, ils auront besoin de se reposer et récupérer pendant quelques heures dans un endroit sec, propre et ombragé, avec un accès à l'eau propre et fraiche, avant toute manipulation supplémentaire (pesée, traitement, etc.). Une déshydratation prolongée peut aggraver le stress et ralentir la reprise alimentaire. L'eau doit être exempte de contaminants microbiens ou chimiques.

Ensuite, on veillera à offrir aux animaux un aliment grossier facilement digestible tel que le foin, pour stimuler l’appétit et réactiver progressivement le fonctionnement du rumen. Cette ration de transition limite les risques de troubles digestifs (éventuelle acidose) lors de l’introduction ultérieure des concentrés. On veillera à une introduction progressive de la ration d’engraissement comme suit :

• Pendant la première semaine, on distribue une ration de transition constituée de ¾ d’aliment grossier et de ¼ d’aliment concentré.

• Lors de la 2ème semaine, le grossier et le concentré seront distribués à parts égales.

• A partir de la 3ème semaine, la ration distribuée, considérée comme la ration d’engraissement, sera constituée de ¼ de grossier et de ¾ de concentré.

Assurer une alimentation et une distribution adaptée pour l’engraissement

Cette ration d’engraissement (incluant grossier et concentrés) peut contenir environ 13 à 14% de protéines, et un ratio PDI/UFV d’environ 100 g. Le complément minéral et vitaminé (incluant le sel) doit être distribué dès l’arrivée des animaux à l’unité, et représenter environ 2% de la ration totale.

Il est préférable de constituer ce qu’on appelle une « ration totalement mélangée », avec le concentré mélangé avec le grossier. Pour assurer ce mélange, le grossier doit être haché.

Cette ration doit être distribuée à volonté, de sorte qu’elle soit disponible à tout moment aux animaux, y compris le soir. Si on s’aperçoit que la mangeoire est vide dans la matinée, la quantité d’aliments doit être augmentée.

Suivi des performances des animaux à l’engraissement

Le suivi régulier des performances de croissance est une opération de gestion indispensable dans les opérations d’engraissement. En effet, tous les animaux ne réagissent pas de la même manière à l’alimentation intensive, et certains individus, indépendamment de leur sexe, âge ou race, ne s'adaptent pas à l'alimentation intensive. Ces animaux non performants doivent être réformés dès que possible. Ils peuvent être identifiés par leur mauvaise performance lors des phases initiales de l'opération d’engraissement grâce à des contrôles réguliers du poids vif et à l’observation de leur comportement alimentaire. Ces animaux ont une faible prise de poids, parfois une consommation réduite d’aliments, ou un comportement d’isolement.

Pour une gestion efficace, il est conseillé de mettre en place un système de pesées régulières (toutes les 3 semaines), et de calculer le gain moyen quotidien et aussi, idéalement, l’indice de consommation (quantité d’aliment ingérée / gain de poids) pour les élevages équipés.

Optimiser l’opération par un choix judicieux de la durée de l’engraissement

La durée d’alimentation doit être adaptée aux objectifs de production, aux ressources alimentaires disponibles et à l’évolution des prix des animaux sur le marché. En général, elle s’étend sur 3 à 4 mois. Cependant, elle peut varier selon certains facteurs, tel que l’état initial des animaux (des agneaux légers et maigres à l’arrivée nécessiteront une durée plus longue pour atteindre un poids de marché acceptable, tandis que des animaux déjà bien développés pourront être fini plus rapidement), du type d’alimentation distribuée (une ration riche en concentrés permet des gains de poids plus rapides et peut réduire la durée d’engraissement. En revanche, un système basé davantage sur les fourrages nécessitera plus de temps pour atteindre les performances de croissance souhaitées, et enfin de la situation du marché (selon que l’éleveur vise la production d’agneaux légers, moyens ou lourds, la durée d'engraissement sera ajustée en conséquence. La période de finition est également influencée par des facteurs saisonniers, notamment les pics de demande liés à la fête d’Aïd Al-Adha ou pour répondre aux festivités estivales (mariages, etc.), et la conjoncture du marché et les coûts de production : (suivi de l’évolution des prix de la viande et du coût des matières premières (aliments, paille, concentrés...) peut amener l’éleveur à adapter la durée d’engraissement pour maximiser sa marge.

Il est à souligner qu’il est important de trouver le bon équilibre entre le rendement technique et le coût alimentaire. En d’autres termes, prolonger excessivement la durée d’engraissement expose l’éleveur à un risque de surcoût alimentaire, à une diminution de l'efficacité de conversion alimentaire (surtout en fin de cycle, quand les animaux prennent plus de gras que de muscle) et à une possible baisse de la qualité de la carcasse (excès de gras). À l’inverse, un engraissement trop court peut conduire à des poids vifs insuffisants et à une valorisation commerciale limitée. L’idéal est donc de définir une durée d’engraissement qui permette d’atteindre le poids cible avec le meilleur compromis entre vitesse de croissance, coût alimentaire et qualité de la carcasse.

Garantir une ration équilibrée assurant la bonne santé des animaux

Il est à noter que la ration doit être formulée pour assurer un gain élevé et limiter les problèmes d’acidose et de calculs urinaires (urolithiases) génératrices de manque à gagner voire de pertes très importantes. Ces conditions peuvent apparaitre avec des rations riches en concentré.

• L’acidose pourrait apparaitre 12 à 36 heures après introduction brusque de concentrés, surtout ceux qui sont riches en amidon. Les signes de l’acidose sont la perte d’appétit, les douleurs, l’inconfort et les diarrhées. La respiration et le pouls deviennent rapides. La meilleure stratégie face à ce problème est la prévention par une ration contenant suffisamment de fibres et d’éviter les changements brusques de ration.

• Quant aux calculs urinaires, ils sont fréquents chez les males recevant des rations riches en phosphore par rapport au calcium (rations à base de céréales et leurs sous-produits). Les animaux atteints commencent généralement par s’agiter et perdre leur appétit. Ils éprouvent des douleurs abdominales, urinent par intermittence et avec difficulté, et se donnent des coups de pied au ventre. Ils peuvent aussi présenter un œdème au ventre. Les calculs urinaires peuvent être évités avec des rations ayant un rapport Ca/P de 2, et d’avoir de l’eau disponible à volonté. L’ajout de sel à la ration favorise la consommation d’eau et réduit ainsi la formation de calculs.

Abreuvement

Le manque d'eau affecte négativement les performances animales. L'eau fraiche et propre doit être disponible en tout moment, dans des abreuvoirs faciles à nettoyer. Le nombre d’abreuvoirs doit couvrir les besoins de toute la bande d’animaux. Il est conseillé d’assurer 1 abreuvoir au moins pour un groupe de 40 à 50 animaux. La hauteur des abreuvoirs dépend de l’âge des animaux. Elle varie entre 30 et 40 cm pour les agneaux pesant moins d’environ 25 kg, entre 40 et 50 cm pour ceux ayant 25 à 50 kg, et entre 50 et 60 cm pour les adultes.

Bâtiment d’élevage

Le choix du site d’implantation de la bergerie et sa conception jouent un rôle déterminant dans la réussite des opérations d’engraissement. En matière de localisation, il est recommandé de choisir un endroit bien drainé, ne retenant pas beaucoup d’eau en période de fortes pluies. La bergerie doit être orientée dans le sens opposé aux vents dominants afin de se prémunir des courants d’air, et doit aussi être bien ensoleillée et aérée. La luminosité naturelle est également un critère important : une bergerie bien exposée au soleil permet de réduire l’humidité ambiante, favorisant ainsi la santé respiratoire des animaux et limitant le développement des agents pathogènes. Par ailleurs, la bonne aération permet de maintenir la concentration en ammoniac à un niveau suffisamment faible (inférieur au seuil de 5 ppm en dessous duquel l’odeur n’est plus perceptible au nez) et l’hygrométrie entre 70 à 80% qui aide laine des animaux à rester sèche, ce qui est indispensable pour prévenir les problèmes cutanés et respiratoires.

La conception de la bergerie doit tenir compte :

• du nombre maximal des animaux à engraisser (ce nombre détermine la superficie nécessaire). D’une façon générale on considère 2 m² par animal.

• de la taille des lots et de leur nombre. On réserve un espace d'alimentation de 20 cm linéaires (place à la mangeoire) par animal.

• du mode d’alimentation (distribution manuelle ou mécanisée, alimentation au sol ou en râteliers).

La séparation des lots, qui est fortement recommandée pour faciliter la gestion alimentaire, peut être assurée à l’aide de claies de 1,25 m de hauteur ou de râteliers -mangeoires qui servent à la fois de séparation physique et de point de distribution de l’aliment.

Santé

Il est primordial de choisir des animaux en bonne santé, de procéder à leur déparasitage interne et externe, de s’assurer de la qualité nutritionnelle de la ration (notamment l’équilibre minéral), et de vacciner les animaux contre l’entérotoxémie.

Nettoyage et vide sanitaire

Le nettoyage des bergeries entre les bandes d’agneaux engraissés et vendus, est nécessaire. Cette opération permet d’éliminer beaucoup de germes. Elle consiste à débarrasser le bâtiment des déjections et à sa désinfection. La chaux est le produit le moins cher, le plus disponible sur le marché et le plus utilisé dans la désinfection des bâtiments du bétail. Enfin, il est conseillé de respecter un vide sanitaire pour quelques jours avant de faire entrer la nouvelle bande à engraisser.

L’observation des crottes des animaux (chez au moins le tiers de l’effectif) est souvent utile, bien qu’il soit nécessaire de croiser plusieurs symptômes pour un diagnostic plus précis. La présence de fibres de plus d’un cm de long révèle une mauvaise digestion chez l’animal. La présence excessive de grains dans les crottes (1 ou 2 grains dans chaque crotte signale une instabilité du rumen). L'observation des œufs de parasites peut renseigner sur le niveau d'infestation, en particulier des strongles digestifs.

Observation des crottes

Isolement des animaux malades

Atteindre et conserver un haut niveau sanitaire dans un élevage permet d’avoir un troupeau sain et performant. La prévention de la propagation des maladies est dans ce sens est un élément essentiel. Elle va de pair avec une détection précoce des animaux au comportement anormal, qui présentent une affection et de les isoler pour les soigner par le vétérinaire.